mardi 5 décembre 2017

Albert Savarus - Honoré de Balzac




Moins célèbre que Le Père Goriot, par exemple, Albert Savarus gagnerait à être plus conseillé au collège et au lycée pour découvrir Balzac. C'est un roman court et accessible, qui témoigne pourtant bien de la finesse du grand Nono (son p'tit nom). Ne vous y trompez pas : Le Père Goriot a été une découverte marquante bien que j'aie tergiversé pendant 10 ans avant de me décider à le lire... Le résumé m'avait complètement rebutée. Comme celui d'Albert Savarus, d'ailleurs. Et pourtant, la lecture du Père Goriot m'a donnée l'idée d'entreprendre la lecture de La Comédie humaine (rien d'extravagant, juste une petite centaine de bouquins : quand on aime on ne compte pas). Après La Maison du chat-qui-pelote et Mémoires de deux jeunes mariées, Albert Savarus m'a clairement confortée dans mon entreprise. 

De quoi s'agit-il ? Albert Savaron, un jeune avocat parisien arrive à Besançon et commence à s'y faire remarquer. La société bisontine n'est pas habituée à voir arriver des « étrangers » et encore moins à les laisser se faire un place dans sa ville.
Pourtant, Savaron rencontre beaucoup de succès dans ses affaires et, sans toutefois trop se mettre en avant, il commence à prendre de l'importance, fonde une revue locale, etc. 
Très vite, Rosalie de Watteville entend parler de lui et brûle de le rencontrer. Rosalie est la fille du baron et de la baronne de Watteville, que sa mère a décidé depuis longtemps de marier à Amédée de Soulas. Qui est M. Soulas ? 


«[...] un homme très avancé. Amédée possédait le talent de débiter avec la gravité bisontine les lieux communs à la mode, ce qui lui donnait le mérite d'être un des hommes les plus éclairés de la noblesse. Il portait sur lui la bijouterie à la mode, et dans sa tête les pensées contrôlées par la Presse.
En 1834, Amédée était un jeune homme du vingt-cinq ans, de taille moyenne, brun, le thorax violemment prononcé, les épaules à l'avenant, les cuisses un peu rondes, le pied déjà gras, la main blanche et potelée [...], une grosse figure rougeaude, le nez écrasé, les yeux bruns sans expression [...]. Il marchait à grands pas vers une obésité fatale à ses prétentions. Ses ongles étaient soignés, sa barbe était faite, les moindres détails de son vêtement étaient tenus avec une exactitude anglaise. Aussi regardait-on Amédée de Soulas comme le plus bel homme de Besançon.»


Quelle chance d'être promise au « plus bel homme de Besançon » ! Croirez-vous que Rosalie ne soit pas satisfaite de ce parangon d'esprit et de beauté physique ? 
Ajoutez à cela que la baronne mène sa fille d'une poigne de fer et la surveille constamment et que la jeune fille a un caractère bien trempé qu'elle a pourtant appris à dissimuler avec maestria... Vous vous doutez sûrement déjà que Mlle de Watteville est une bombe à retardement. Par contre, si vous cherchez une icône féministe, allez voir ailleurs : Rosalie est une peste.  

Vous pouvez y aller les yeux fermés : une brillante mise en parallèle des calculs politiques d'un jeune homme ambitieux et des manigances d'une jeune fille amoureuse et jalouse ; une histoire d'amour pleine de candeur et le style de Nono l'plus beau (Charlotte Madrilène : casseuse de mythes depuis environ 10 ans).