mardi 22 mars 2022

Seul sur Mars - Andy Weir



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Aujourd'hui je vous propose un roman bien addictif, un vrai page-tourneur à sensations fortes qui pourrait bien séduire même les plus réfractaires à la science-fiction.
Pour tout vous dire, il m'avait été recommandé par une libraire spécialisée dans les genres de l'imaginaire (au Nuage vert à Paris) à qui j'avais précisément demandé un roman taillé pour la novice que je suis dans le domaine.


Prêts pour le décollage ?

 

 

 

Pour les passionnés de conquête spatiale ?




 

 

 

 

 

 

    Non seulement je commence tout juste ma découverte de la SF mais je dois aussi avouer que je ne m'intéresse pas plus que ça à l'astronomie et à la conquête spatiale. La boulangerie du coin de la rue me paraît déjà assez lointaine comme ça quand je n'ai pas encore absorbé ma dose de caféine matinale, alors la lune ou Mars...
Et pourtant me voilà en train de vous parler de Seul sur MarsThe Martian » en V.O.) ; parce qu'Andy Weir est un sacré conteur




L'histoire

 
    On suit le journal de bord d'un astronaute légèrement embarrassé puisque ses collègues, le croyant mort, ont fui Mars sans lui lors d'une tempête qui menaçait de détruire leur seul moyen de rentrer sur Terre.
Notre petit Mark se croit d'abord « foutu » et même « foutu de chez foutu » (il ne se prive pas de jurer abondamment ; à sa décharge, la plupart d'entre nous déverserait des pelletés de ****** pour moins que ça).



    « Voyons, par où commencer ?
    Le programme Arès. L'humanité s'aventurant pour la toute première fois sur une autre planète, sur Mars, pour élargir son horizon, tout ça. L'équipage d'Arès 1 rentrant à la maison en héros une fois sa mission accomplie
[...]...
    Et puis Arès 2
[...].
    Enfin, Arès 3. Ça, c'était ma mission. Enfin, je me comprends. La patronne, c'était le commandant Lewis ; moi, j'étais un simple membre de l'équipage, le moins gradé de tous, en vérité, destiné à prendre les commandes en cas d'hécatombe ou de catastrophe majeure.
    Vous savez quoi ? Les commandes, je les ai prises.
»

    

 
Oui : Mark a le sens de l'humour. En lisant Seul sur Mars, on tremble et on ri ; de francs éclats de rire entre deux syncopes. (Bon : cet extrait est loin d'être le plus drôle ; je vous laisse la surprise... Difficile d'en partager d'autres sans divulgâcher ou expliquer le contexte pendant une plombe et demie.)



    Mark a deux autres atouts nécessaires à sa survie : il est botaniste et ingénieur.


    Pourquoi est-il important qu'il sache bricoler ? Parce qu'il a besoin d'équipement ne serait-ce que pour respirer (dans sa combinaison, dans les rovers (voitures) et surtout dans l'Habitat (sa "maison" sur Mars)) ; et si tout ce bel appareillage prévu pour une mission d'un mois se met à débloquer... Disons que nous aurons droit à une fin à couper le souffle. (Il doit tenir un peu plus de 400 jours, jusqu'à l'arrivée de la prochaine mission Arès.) 

Outre ces systèmes pour le maintenir en vie, il aura plus d'une fois l'initiative de fabriquer et réparer d'autres appareils d'utilités diverses mais importantes. Mark est une sorte de MacGyver de l'espace.


    Pourquoi le fait d'être botaniste pourrait lui sauver la vie ? Parce qu'il va bien finir par manquer de vivres. Et croyez-moi : ce n'est pas de la tarte de jardiner sur Mars (or, pour Mark : pas de jardin = tarte à rien).



Une expérience d'érémitisme ?

Parce que je suis sympa, voici le lien de la chanson. (Et faites-moi péter ces cordes vocales !)

 

     Si vous cherchez une petite expérience d'érémitisme pépère, il faudra aller voir ailleurs (et tant qu'on y est : vos recommandations sont les bienvenues). Dans Seul sur Mars, on est dans du survivalisme pur et dur, et l'absence des autres membres de l'équipage est meublé par les réserves de séries TV des années 70 et de romans d'Agatha Christie qu'ils ont laissé derrière eux. Normal : ici, la solitude est subie et pourrait être fatale. Heureusement donc qu'une employée de la NASA se rend compte (grâce aux satellites installés autour de Mars) qu'il se trame quelque chose... Ce qui ne veut pas dire que Mark soit pour autant tiré d'affaire (loin de là).


    Nous allons donc rencontrer du monde sur Terre. Je ne m'y attendais pas (en même temps, le roman aurait risqué de piétiner et aurait seulement consisté en une lente acceptation de la mort ; parce qu'aussi débrouillard qu'il soit, Mark ne peut pas survivre seul indéfiniment)... Et ça a été une très belle surprise parce que l'intrigue y puise un souffle nouveau. Ces passages sur Terre sont aussi palpitants que ceux sur Mars, et les nouveaux personnages (essentiellement des employés de la NASA) tout aussi attachants et drôles que Mark... Enfin, pas tous et pas tout le temps ; il faut dire que les bougres sont légèrement tendus d'avoir abandonné un homme sur Mars. Et attention : le roman contient son lot de dilemmes moraux insolubles (youpi !).


    Andy Weir est aussi inventif que son personnage principal lorsqu'il s'agit de relancer l'intrigue.
Je pense que ce dynamisme doit beaucoup à ses recherches sur les expéditions spatiales : il y a énormément de facteurs à prendre en compte et donc autant d'éléments perturbateurs possibles.



Un livre réservé aux « bacs S » ?



 

 

 

 

 

 

 

 


     Dans l'ensemble, Seul sur Mars est assez rigoureux sur le plan scientifique (mis à part quelques détails ; je vous laisserai tout simplement aller voir la partie "degré de réalisme" de la page Wikipedia, après votre lecture, histoire d'éviter tout divulgâchis). La quatrième de couverture arbore d'ailleurs fièrement l'avis élogieux du commandant de la Station spatiale internationale qui parle de « précision technique fascinante » (d'ailleurs, lui aussi vous dira que ce roman est « impossible à lâcher »).

Je dois bien avouer que la pauvre littéraire que je suis, désespoir de mes professeurs de physique et de SVT, a bien cru qu'elle abandonnerait vite la partie face à tant d'explications techniques. Mais finalement, elles sont dans l'ensemble assez courtes et le plus souvent le narrateur arrive à nous faire comprendre l'idée générale. La narration est trop entraînante pour que ce soit un obstacle.



Le mot de la fin

 
    Certes, Seul sur Mars ne changera pas votre vie et l'intérêt ne survivrait peut-être pas à une relecture, puisque le suspens est son atout essentiel, et pour être honnête, j'ai trouvé la dernière page assez maladroite ; mais si vous avez envie d'un livre à dévorer d'une traite pendant vos vacances ou un week-end pluvieux, il fera parfaitement l'affaire.
    J'ai rarement été aussi accro à un livre.




Et un dernier extrait pour le(s) (gros) mot(s) de la fin...


    
Note : dans ce passage, Mark vient de subir une sévère déconvenue. Il digère l'événement à sa manière.

 
    « Vous savez quoi ? J'en ai plus rien à foutre ! du sas, de l'Habitat, de cette planète de merde !
[...]
Je n'ai plus qu'à rester assis là [...] je vais crever.
Ce sera fini. Plus besoin de me remonter le moral, d'espérer, de m'illusionner. Plus de problèmes à régler. J'en ai ma claque !
[...]
    Soupir... D'accord. J'ai fait ma petite crise, et maintenant, je dois trouver un moyen de rester en vie. Une fois de plus. »




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