mardi 20 mars 2018

Retranscription de l'interview de Natalia Soljénitsyne au salon du livre de Paris


Alexandre et Natalia Soljénistyne (source : psmb.ru)



         Vendredi 16 mars 2018, Michel Field a interviewé Natalia Soljénitsyne au salon du livre de Paris. J'ai eu la chance d'y assister et, comme je suis une fille bien, je vous la retranscris ici. Seulement, mon niveau de russe étant ce qu'il est ( «Shame ! Shame ! Shame!» ; merci septa Unella pour cette intervention), je m'en suis essentiellement tenue à la traduction de l'interprète qui accompagnait Madame Soljénitsyne.



Michel Field : Qu'est-ce que signifie aujourd'hui défendre, assumer, incarner l'œuvre de Soljénistyne ?

Natalia Soljénitsyne : C'est tout d'abord du travail ! C'est un travail difficile mais qui me rend heureuse. Ça a été toute ma vie. 



M.F. : De quoi vous sentez-vous la plus dépositaire ?


N.S. : Pour moi, la tâche principale c'est celle qui m'a été confiée par mon époux : publier l'ensemble de son œuvre dans sa version définitive. Pour moi, c'est vraiment cela le cœur de mon travail.



M.F. : En même temps, c'est ce que vous avez fait depuis le début, puisque pendant la saga de L'archipel il y avait la façon dont, feuillet par feuillet, vous alliez cacher pour les faire sortir de Russie les textes de votre mari.

N.S. : Oui, mais les temps changent et chaque temps a ses propres problèmes et tâches, et de nouvelles générations sont en train de se former qui n'ont pas vécu ce que nous avons vécu à cette époque-là et il faut leur transmettre.


http://www.lecerclepoints.com/livre-archipel-goulag-alexandre-soljenitsyne-9782757843260.htm
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M.F. : Pour la jeunesse russe, qu'est-ce qu'évoque le nom d'Alexandre Soljénitsyne ? Est-ce qu'il évoque encore quelque chose ?

N.S. : Je pense que, comme ici, on ne peut pas parler de la jeunesse russe comme d'un tout uniforme : il y a une grande diversité et tout dépend du milieu, du genre d'éducation. C'est très fragmenté.



M.F. : Par exemple est-ce que son œuvre est enseignée dans les lycées, dans les universités ?


N.S. : Dans les écoles, l'œuvre de Soljénitsyne fait partie du programme officiel ; deux œuvres en particulier : Une journée d'Ivan Denissovitch et La maison de Matriona. L'archipel fait aussi partie du programme des classes supérieures mais n'est pratiquement jamais étudié à cause du manque de temps.
Pour ce qui est de l'université, cela dépend totalement des enseignants.


https://www.lisez.com/livre-de-poche/une-journee-divan-denissovitch/9782221191781https://www.lisez.com/livre-de-poche/la-maison-de-matriona/9782221195802


M.F. : Est-ce qu'on l'étudie comme une œuvre littéraire et non pas uniquement par rapport aux effets politiques qu'elle a eu ?


N.S. : Oui, en effet, dans les écoles c'est comme littérature qu'on l'étudie et au contraire on essaie de ne pas mettre l'accent sur la dimension politique de l'œuvre.



M.F. : Est-ce que parfois vous avez regretté que l'aspect politique recouvre le littéraire dans la réception de l'œuvre de Soljénitsyne particulièrement en Occident, et particulièrement en France ?


N.S. : Oui en effet, Alexandre Issaïevtich (Soljénitsyne) en a parlé lui-même. C'est quelque chose qui est aussi bien regrettable en Russie qu'en Occident. En réalité son œuvre est beaucoup plus universelle qu'on pourrait le penser parfois et elle n'est pas forcément liée à une conjoncture politique particulière.


M.F. : Est-ce qu'au moment où L'archipel du goulag a été accueilli en Occident, vous avez eu avec votre mari la conscience du tremblement de terre que ça allait causer ?


N.S. : Oui, on peut le dire. Mon mari disait toujours que publier L'archipel du goulag c'était comme mettre sa tête sur un billot. « Je vais contre leur idéologie mais sur mon bras je porte ma propre tête et je suis prêt à mourir. »



M.F. : C'est très religieux comme métaphore !


N.S. : Ce n'est pas du tout une métaphore ! Absolument pas ! C'était vraiment ainsi, et le fait d'être préparé à mourir lui avait donné beaucoup de force.



M.F. : Il faut rappeler qu'il y avait eu plusieurs tentatives d'assassinat contre Alexandre Soljénitsyne et qu'une de ses collaboratrice, Élisabeth a été retrouvée pendue. Il y avait un harcèlement. Est-ce que vous avez eu peur ?


N.S. : Le plus important c'est de décider si on va jusqu'au bout ou pas. Une fois la décision d'aller jusqu'au bout prise, la peur disparaît. Mais pendant un moment j'ai eu très peur pour mes enfants.



M.F. : Plus pour vos enfants que pour vous-même ?


N.S. : Oui, bien sûr.



M.F. : Quitter l'Union soviétique, ça a été douloureux pour vous ?


N.S. : Oui, pour lui comme pour moi.



M.F. : Quand vous êtes partis, est-ce que c'était avec le secret espoir qu'un jour vous alliez revenir?


N.S. : D'une manière étrange, Alexandre Issaïevitch était persuadé qu'il reviendrait et autour de lui cela soulevait beaucoup d'incrédulité : on considérait cela comme une sorte de fantaisie un peu romantique mais lui était persuadé qu'il reviendrait. 



M.F. : Est-ce qu'avec le recul vous comprenez pourquoi ce livre, encore une fois L'archipel, a eu un tel écho alors que ce n'était pas la première fois que le système totalitaire et concentrationnaire de l'Union soviétique était raconté ou dénoncé ? 


N.S. : Quand nous sommes arrivés en Occident, Alexandre a eu la surprise de découvrir qu'en effet, beaucoup de livres avaient déjà été publiés sur le sujet : il en avait compté une trentaine. Et la réponse à la question « pourquoi ce livre a provoqué ce séisme? » c'est justement la qualité littéraire de cette œuvre.



M.F. : Vous pensez que c'est la puissance littéraire du livre par rapport à des témoignages plus idéologiques et plus politiques qui l'avaient précédé qui a fait sa force ?


N.S. : L'alliance de cette force littéraire, artistique et de la situation exceptionnelle de la Russie ont causé cette explosion. Alexeï Lossev, un philosophe qui lui-même avait été prisonnier des camps disait après la publication non pas seulement de L'archipel mais aussi d'Août 1914 (le premier volume de La roue rouge), que ce qui caractérise Soljénitsyne c'est ce sentiment de catastrophe mondiale qui n'existait pas chez les écrivains du XIXème siècle. Lossev comparaît les écrivains et disait que Tolstoï avait excellé dans la représentation des passions charnelles, Dostoïevski dans celles de l'âme et de l'intelligence et que Soljénitsyne avait réussi à rendre les passions sociales plus qu'aucun autre écrivain.


https://www.fayard.fr/la-roue-rouge-9782213013398


M.F. : Quand on ne connaît pas très bien la littérature russe, on connaît au moins Tolstoï et Dostoïevski. Très souvent on rapporte Soljénitsyne plus volontiers à Tolstoï, dans le côté grande fresque historique. Mais est-ce que dans la dimension métaphysique, dans la présence de la transcendance, du besoin de transcendance, il n'est pas plus proche de Dostoïevski ?


N.S. : Alexandre Issaïevitch a réfléchi à ces questions. Il tenait Tolstoï pour un immense artiste mais Dostoïevski lui était plus proche.



M.F. : Est-ce que vous pourriez dire en quoi il était proche de Dostoïevski ?


N.S. : Il m'est difficile d'en parler. Je sais que dans la salle il y a de grands spécialistes de Dostoïevski et je ne me sens pas très compétente, mais je dirais quand même que Soljénitsyne n'a pas été un historien du système pénitentiaire soviétique, il n'a pas été un historien de la révolution, il a été avant tout celui qui a fait le portrait de l'âme humaine dans des situations extrêmes et en ce sens il est effectivement proche de Dostoïevski.




M.F. : Est-ce que vous venez de dire n'éclaire pas une série de malentendus qui a accompagné la venue de Soljénitsyne en Occident ? Je pense notamment à son fameux discours de Harvard, où l'Occident attendait d'un opposant au totalitarisme russe une sorte d'éloge du capitalisme et du libéralisme ; or ce discours de Harvard est extrêmement critique à propos du système libéral, précisément par son manque de transcendance, par son manque de sens religieux au sens métaphysique du terme. Est-ce ça n'a pas été une des causes de certains malentendus ?


N.S. : La question s'adresse plutôt à vous.



M.F. : Comment votre mari et vous avez vécu les réactions au discours de Harvard ?


N.S. : Nous avons d'abord été très étonnés et puis ces questions nous ont beaucoup intéressés. Alexandre Issaïevitch a vraiment pris la peine de lire tout ce qui a été écrit. 25 ans plus tard un livre est paru sur ces réactions. Ce qui l'a surpris c'est que les élites occidentales n'aimaient pas beaucoup la critique : il avait l'illusion que c'était propre à celles de son pays.



M.F. : Il écoutait les critiques ? Il y réfléchissait ? Ou elles l'agaçaient et il les balayait d'un revers de main ?


N.S. : Il était très attentif à ce qu'on lui disait, à la critique mais pas à toute critique. Il préférait les critiques intelligentes. 



M.F. : Est-ce que précisément vous avez souvenir d'une critique intelligente qui à un moment donné l'a fait évoluer dans ses représentations ?


N.S. : La question est très intéressante mais un peu compliquée pour le temps qui nous reste.



M.F. : Essayez quand même.


N.S. : Lui-même s'est étendu sur ce sujet dans son livre Le grain tombé entre les meules. C'était quelqu'un qui s'autocritiquait beaucoup. Il lui est arrivé de reconnaître publiquement ses propres erreurs. Donc oui : il était réceptif.


https://www.fayard.fr/le-grain-tombe-entre-les-meules-9782213601861


M.F. : Est-ce que certaines critiques ont pu le blesser humainement parlant ? Je pense par exemple aux polémiques sur son antisémitisme supposé. Est-ce que ça, sachant qu'autour de lui, dans la dissidence il était entouré de juifs, c'est quelque chose qui a pu profondément le heurter et le blesser ?


N.S. : D'une manière générale il était très affecté par les critiques qui venaient de gens qui n'avaient pas lu attentivement ce qu'il avait écrit et qui lui semblaient viser à côté.



M.F. : Vous avez eu une formation scientifique, et lui aussi a fait des études de philosophie, de latin, et cætera... Est-ce qu'il y a quelque chose d'une rigueur mathématique dans la construction de ses grandes œuvres ?


N.S. : Oui, il l'a dit lui-même. Il a reconnu, surtout quand il écrivait La roue rouge, que sa formation scientifique lui permettait d'organiser un travail de recherche qu'il n'aurait pas su organiser sans cela.



M.F. : Vous interveniez dans son travail de structuration, par rapport à toutes les archives, au travail de documentation ?


N.S. : J'aidais à rechercher des documents, à les présenter parfois, mais tout ce qui concernait la composition, la construction c'était son domaine.



M.F. : Il vous interdisait d'entrer dans son bureau de travail ?


N.S. : Nous en discutions mais personne n'était admis au premier stade de l'écriture. Je m'incluais dans les stades terminaux : la relecture, et cætera. Mais pas au moment de la conception.



M.F. : Est-ce qu'il faisait lire ce qu'il écrivait ou est-ce qu'il attendait que les choses soient finies pour avoir votre regard ?


N.S. : Je m'incluais aux autres étapes. Nous avons conservé une énorme correspondance dans les marges des manuscrits où nous échangions des remarques sur l'état du texte.



M.F. : Comment était-il lorsqu'il écrivait ? Il y a des écrivains qui sont de très mauvaise humeur quand ils écrivent, ils sont imbuvables avec leur entourage. Vu le poids de l'œuvre dont il était en train d'accoucher on pourrait le comprendre.


N.S. : La première rédaction, le processus de rédaction ex-nihilo, la création du texte lui était toujours très difficile : il était renfermé à ce moment-là, les enfants savaient qu'il ne fallait pas le déranger. Ce n'est pas qu'il était désagréable avec son entourage, c'est qu'il avait besoin d'être seul. Mais dans les stades ultérieurs il se détendait : écrire le rendait heureux et, heureux lui-même, il partageait son bonheur.



M.F. : Il acceptait que vous plaisantiez sur ce qu'il avait écrit ? Les épouses ont parfois des critiques désinvoltes...


N.S. : D'une manière générale nous discutions beaucoup, peut-être même trop : ça pouvait l'agacer. Mais il écoutait jusqu'au bout et il réagissait à tout. 



M.F. : C'est vrai que du dehors il n'avait pas l'air très commode...


N.S. : C'est une question qu'on me pose souvent : comment vivre avec un personnage comme Alexandre Soljénitsyne ? Il n'y a pas de réponse générale à cette question. Je peux simplement témoigner du fait que vivre avec lui était facile pour moi. Nous avions une vie difficile mais nous n'avions pas des relations difficiles.



M.F. : Au moment où la situation était très difficile, avec la censure, est-ce que vous aviez conscience qu'il était en train de réaliser une œuvre historiquement très importante ou est-ce que l'urgence du moment, de faire passer les papiers les uns après les autres occultait cette dimension, cette projection dans l'histoire ?

N.S. : Oui en tout cas, j'avais conscience d'assister à la création de quelque chose d'important en tout cas pour la Russie. Peut-être pas pour l'histoire du monde entier mais pour l'histoire de la Russie. Les enfants aussi le savaient.



M.F. : Justement, quand l'écho de son œuvre a résonné, non pas seulement en Russie mais dans le monde entier, vous ne vous y attendiez pas ?


N.S. : Nous comprenions que la Russie est une partie du monde occidental et les processus en cours en Russie, même si sous une autre forme, étaient aussi en cours en Occident, ou le seraient peut-être aussi : pour nous, il n'y avait pas de séparation.



M.F. : Quelle place avait la culture française pour vous avant que vous ne soyez venus en Occident ? Est-ce qu'il y avait des auteurs français, est-ce que la culture française, l'histoire française avaient une importance particulière ?


N.S. : Sa langue, quand il était jeune, c'était l'allemand, pas le français. Il avait lu les romantiques allemands, Schiller, Goethe, et cætera... Effectivement, il n'avait pas véritablement de lien avec la France, et quand il est venu en France, il s'attendait à rencontrer un pays qui ne lui serait pas proche. Et il a été très étonné de découvrir que la vérité n'était pas du tout celle à laquelle il s'attendait. Alors qu'il ne se sentait pas à l'aise en Suisse, il s'est détendu en France et il a senti au contraire une sorte de proximité avec ce pays.



M.F. : C'est un peu paradoxal parce que, pour les Français, la France rayonne beaucoup dans le monde avec ses idéaux révolutionnaire de 1789 et il y a eu de jolies polémiques aussi quand il a prononcé son discours sur les guerres de Vendée. Est-ce qu'il s'attendait à choquer autant l'intelligentsia française en ayant un point de vue critique sur la Révolution française ?


N.S. : En ce qui concerne la Vendée en tout cas il s'y attendait, bien sûr. Et il avait même été averti à l'avance que ça ne passerait pas bien. Mais il était convaincu qu'il fallait aller en Vendée et qu'il fallait se souvenir de ces victimes. Notre voyage vendéen a été pour lui un geste bien conscient qu'il assumait.



M.F. : On a l'impression (je parle du discours de Harvard, de celui autour des guerres de Vendée) qu'il avait aussi une forme de délectation à provoquer, à être là où on ne l'attendait pas, à secouer un peu les idées reçues ou trop facilement admises. Il aimait ce rôle de perturbateur ?


N.S. : Non, il n'aimait pas cela. Il ne faisait pas cela pour le plaisir. Pour lui c'était une question de principe et c'est une chose dont on devrait encore se souvenir aujourd'hui : pour lui, l'expérience de la Russie du XXème siècle, dans son sentiment, l'autorisait à revenir sur ces victimes pour dire que la fin ne justifie jamais les moyens. C'était important pour lui. 



M.F. : Il voyait la Révolution française comme la matrice des révolutions à venir et notamment des effets de la révolution russe ?


N.S. : Ce n'est pas une opinion personnelle de Soljénitsyne. C'était une conscience très forte des intellectuels russes de la fin du XIXème et du début du XXème siècle : la Révolution française était un modèle.



M.F. : Et pour lui c'était un contre-modèle ?


N.S. : En tout cas, il estimait que c'était son devoir de s'opposer aux résultats auxquels ça avait conduit en Russie.



M.F. : J'aimerais revenir avec vous sur la manière dont vous avez vécu le retour en Russie et cette longue traversée que vous avez faite du pays, avec ces rencontres si fréquentes avec les zeks (les anciens prisonniers), est-ce que vous pouvez nous évoquer un peu dans quel état psychologique, affectif vous vous trouviez à ce moment-là ?


N.S. : Les émotions que nous partagions étaient très fortes. C'était d'abord un bonheur incroyable de retrouver son pays et de se retrouver au milieu de la langue russe, mais ce bonheur s'accompagnait d'une angoisse au sujet de la situation de cette époque en Russie : certes, l'heure du communisme était passée mais la « construction en béton », (c'est une expression de Soljénitsyne) était toujours là et le risque était que nous finissions tous écrasés par l'effondrement de cette construction. Nous étions à la fois très heureux de revenir et très inquiets de ce qui allait se passer.



M.F. : Il ne s'est jamais défait de cette espèce de pessimisme historique, métaphysique qui l'a accompagné toute sa vie ?


N.S. : La dernière année et demie de sa vie il était de nouveau très inquiet.



M.F. : Vous pouvez nous expliquer pourquoi ?


N.S. : Il voyait ce qui se passait, il voyait que ça allait dans cette direction.



M.F. : Est-ce qu'il y a une âme russe ?


N.S. : J'espère que oui.



M.F. : Et comment vous la définiriez ?


N.S. : Elle est très belle.




M.F. : Mais encore ?


N.S. : Vous voulez parler du caractère national des Russes ? 



M.F. : Ce sentiment, quand on parle à des amis russes et qu'on finit par ne pas comprendre et qu'ils nous disent « oui mais c'est l'âme russe ». C'est une sorte de jocker.


N.S. : Je ne sais pas trop quoi répondre mais ayant vécu 25 ans en Occident je vois bien qu'il y a une différence entre les gens.



M.F. : Est-ce que, quand on a vécu 25 ans en Occident, on garde cette âme russe ?


N.S. : Nous avons réussi en tout cas et nous avons pu élever nos enfants comme des Russes.



M.F. : Je voudrais terminer de façon un peu légère. Est-ce que vous connaissez Astérix ? 


N.S. : Non.



M.F. : C'est un personnage de bande-dessinée. Il y a un rapport entre lui et Soljéntsyne. Est-ce que vous savez lequel ?


N.S. : ...



M.F. : Quand le manuscrit de L'archipel du goulag arrive en France, il est édité dans une imprimerie qui s'appelle Béresniak, je crois, rue du Faubourg-du-Temple, parce que c'était une des seules imprimeries qui avaient les caractères cyrilliques. Et cette imprimerie appartenait, côté maternel, à la famille de René Goscinny. Et il me plaît de conclure cet entretien en vous disant que le petit héros gaulois a contribué un peu au rayonnement de l'œuvre d'Alexandre Soljénitsyne.


N.S. : J'aimerais bien que ce genre d'intersection arrive plus souvent et j'aimerais aussi que ne se répètent pas des situations comme celles d'hier quand le président Macron a décidé de ne pas visiter le stand russe alors qu'il était ici.



M.F. : Vous préférez qu'on ne vous interroge pas sur l'actualité politique russe du moment, ce que je comprends. Juste un mot : vous considérez quelquefois trop injustes les critiques qui sont faites à la Russie aujourd'hui ?


N.S. :
Je pense qu'aucune critique qui atteint les dimensions de l'hystérie ne peut être juste.





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